Nous restons 2 jours à Siribinha. D’abord parce que le coin nous plait, c’est une plage presque déserte, avec des vagues, de l’eau chaude. Ensuite parce que l’ambiance de la pousada où nous dormons est étonnante, que nous y sommes pratiquement seuls et que ses propriétaires sont particulièrement agréables.

Photo Claude Tarrit
Il s’agit de la pousada « Dos Orixas » . Elle est rudimentaire en termes de confort. Les chambres sont …monacales. Mais elle a une « atmosphère ».
Elle est constituée d’une très grande pièce assez sombre, un peu comme un hangar, couverte d’un toit en tuile.
Dans cette grande pièce, quelques tables, une cuisine, un bar.
Côté est de la pièce : un porche qui donne sur la rue en sable qui traverse le village. Côté ouest de la pièce : un autre porche qui donne sur une large allée dallée de 20 mètres qui donne directement sur la plage et l’océan. Le long de cette allée balayée par le vent, les chambres et un espace couvert pour le petit déjeuner si le vent tombe.
L’océan atlantique est à 50 mètres. Le vent souffle fort, régulièrement, il est inépuisable. Il brasse la mer en rouleaux désordonnés qu’il brise sur le sable. Il conduit le grondement continuel des vagues dans les chambres. Il fait battre le linge sur les fils pendus en travers de l’allée centrale qui conduit de la grande salle couverte. Il caresse la peau avec rudesse, ni chaud ni frais, ni humide ni sec, salé, infatigable…
La plage elle-même n’est pas une plage pour touristes bronzeurs et baigneurs statiques. C’est une plage pour pêcher ou pour se jeter dans les vagues, jouer avec les rouleaux où se battre contre l’aspiration puissante des vagues qui se retirent.
J’ai l’impression vague d’être dans une ambiance tirée d’un bouquin remarquable de Julien Gracq lu il y a fort longtemps : le rivage des Syrthes : le vent permanent, le bruit incessant de la mer les chambres très simples, ce village silencieux, cet environnement de bout du monde.
Dès le premier soir nous apprécions fort la cuisine délicieuse de Tina et Perdigao. Ils sont portugais. Après des aventures tout autour du monde, ils sont venus passer l’hiver portugais au Brésil en gérant leur pousada, et retournent l’été au Portugal.
Nous faisons petit à petit connaissance, doucement.
Le matin, nous marchons sur la longue plage déserte vers l’embouchure de la rivière. Les crabes de sable et les courlis sont les seuls à fréquenter le rivage solitaire. Le cyclone extra-tropical qui a frôlé le Brésil a transformé par endroit la plage labyrinthe entre des monceaux d’algues.
A l’embouchure de la rivière, les vagues disparaissent derrière la dune. Trois ou quatre tavernes de plage montrent que le tourisme commence à arriver dans cet endroit si calme, mais nous sommes hors WE et l’activité est dormante. Nous revenons en barque pour préserver le moral et les pieds de Gaël, qui commence à fatiguer. Nous rencontrons des barques de pêche. Certains pêchent à l’épervier (filet), ceux qui rentrent de la pêche à la crevette se douchent avec des seaux d’eau de la rivière pour se dessaler.
Nous déjeunons et dînons dans la pousada, les plats sont excellents et le service irréprochable, décalé pour un endroit aussi simple : nappe, 2 fourchettes 2 couteaux, etc.
Autour d’une caïpirinha, Perdigao nous donne son adresse courriel et l’adresse de la page Facebook de sa pousada.
Tout est toujours aussi calme malgré la rumeur grondante des vagues qui envahit sans répit le silence supposé de cet endroit où le temps semble arrêté.
Nous repartirons demain matin vers Salvador de Bahia : ville magique