Ile de la Réunion, 23 juillet 2016
Une amie qui vit à la Réunion depuis plusieurs années m’a proposé une journée découverte. Elle est une professionnelle du tourisme confirmée, et elle me guide dans une successions de sites et « d’atmosphères » pour que je comprenne mieux cette île que je ne connaissais pas du tout.La « Culture », comprendre « les gens »
Ce qui m’intéresse le plus, quand je voyage, c’est de comprendre « les gens », de relier leur histoire, leur langue et la géographie qui les entoure à leur façon de vivre, de parler, de manger, de se comporter en général, à leur humour, à la façon dont ils se voient et me voient… Cette journée avec Chantal m’apporte plein de petites réponses impressionnistes. L’approche impressionniste est celle qui convient le mieux à ma soif de « comprendre les gens ». Quelqu’un pour qui j’ai une très grande estime m’a un jour proposé cette définition de la culture que je garde précieusement : c’est « tout ce qui permet à une personne et à un groupe humain de survivre dans son environnement et d’y vivre« . C’est cette culture-là qui me passionne.Maïdo : une route, un site, un panorama
Nous partons tôt des Salines vers 7h30, pour éviter les nuages au Maïdo (un des sommets montagneux de l’île) La route qui monte au Maïdo est exceptionnellement belle, et n’arrête jamais de monter. J’admire les cyclistes qui s’y attaquent. Au fur et à mesure que nous nous élevons, la végétation change, le panorama embellit. Nous dépassons une forêt de très grands tamariniers, puis nous traversons une forêt de résineux non endémiques : des cryptomérias. Les buissons des bords de routes sont souvent envahis d’une sorte de vigne vierge que les Réunionnais appellent « Peste végétale »… En haut du Maïdo, un parking accueille les visiteurs et les fans de VTT qui se lancent dans des descentes vertigineuses. Il fait délicieusement frais ! Ici, à 2200m, les arbres ont déclaré forfait, on se croirait presque sur une lande bretonne. Le panorama est extraordinaire. Très loin, tout en bas, au sud-ouest, on aperçoit la côte et l’océan indien. Les quelques nuages déjà présents sont légèrement plus bas que nous. Au nord-ouest, je jette un oeil sur la vallée en dessous du Maïdo. La montagne descend presque à la verticale vers Maffat, dans un ancien cratère de volcan. Je suis subjugué par une vue fantastique sur ce cirque gigantesque entourés de montagnes qui culminent à 3000m. Difficile de raconter ce panorama époustouflant. Dans les profondeurs de ce cirque immense, quelques toits disséminés sur les zones plates laissent deviner, 1000m plus bas, des villages (les ilets) où les voitures ne peuvent pas accéder. L’île de la Réunion est un paradis pour les randonneurs. …Aujourd’hui, c’est un paradis, mais tous ces espaces racontent en filigrane le « marronage » (la fuite des opprimés). Certains esclaves préféraient la fuite dans les hauts à l’esclavage, en dépit de la répression.Le marronnage est plus qu’un simple épisode à La Réunion : il est le ciment culturel de la vie humaine sur cette île (source : site de l’ONF)Je prends des photos, tentative futile de s’approprier la beauté d’un lieu qui change continuellement avec les nuages, le vent, les lumières. Une vidéo parlerait mieux ?
Alambic Bègue, huile essentielle de géranium Rosat
A la redescente, nous nous arrêtons dans une minuscule distillerie : l’alambic de Jean-Yves Bègue. Depuis trois générations, la famille Bègue distille dans un appareil antédiluvien du géranium Rosat cultivé sur l’île, et concentre de l’huile essentielle. Elle a toutes les qualités et tous les pouvoirs, …et n’est pas très chère.Le marché bio et artisanal de l’Eperon
Plus bas, nettement plus bas, nous retrouvons la chaleur de l’hiver réunionnais (24°) et un marché artisanal avec quelques producteurs bios. Achats réalisés : des feuilles de calou-pilé (cousin du bois d’Inde) pour cuisiner des massalés. Une belle racine fraîche de Curcuma : ça parfume, ça colore, et ça soigne tout ce qu’on peut imaginer. Du poivre sauvage de la Réunion (délicieux, j’ai testé depuis). Quelques menus cadeaux sympas pour les enfants au marché artisanal. On discute très facilement, la gentillesse réunionnaise est partout évidente. Je ne sais pas le mélange de gens arrivés de partout depuis longtemps est à l’origine de cette facilité de relation. A la Réuion, on rencontre, venus depuis des siècle, des Africains, des Chinois, des Malbars, des Européens… et le regard des uns sur les autres (dont moi) me semble plus simple et tolérant que je ne le ressentais en Guadeloupe. En tout cas, le sourire est là a priori.Malheur, Aigrettes et Cormoran : 3 bassins avec cascades
Après avoir mangé une portion opulente de rougail morue à la terrasse d’un « camion-bar », nous nous faufilons entre deux grillages dans la ravine Saint-Gilles pour voir les cascades. Chantal m’a promis des cascades superbe et des bassins rafraichissants. La randonnée est sympa, les cascades sont très belles, et de nombreux Réunionnais sont venus se rafraîchir aussi. J’ai l’impression fallacieuse de presque comprendre le créole réunionnais… Il faut dire que je passe tous les trajets en voiture à écouter du Sega, des chansons locales et des discussions savoureuses sur les radios FM : Free Dom (un monument culturel), Exo, Kayanm… ça forme l’oreille ! Et les Réunionnais passent sans césure du français au créole, dans la conversation, en modérant leur créole pour que je comprenne, semble-t-il. Sympa !Saint Leu
L’après-midi est bien avancé. Nous passons par Saint Leu : je veux ramener le « jeu des 7 familles péi« , qui donne une idée des communautés de l’île telles que les voient les Réunionnais eux-mêmes. Les dessins sont drôles… J’aurais bien aimé en parler avec les Réunionnais que j’ai eus en formation…Une soirée autour d’un Ti’ Jacques boucané
Ce soir, je suis invité chez des Réunionnais de St Pierre. Tous les deux sont pssionnés de culture réunionnaise, nous parlons formation, mais aussi cuisine, épices, légumes, et je me délecte d’un « Ti’Jacques boucané » maison dont je me souviens encore. Le « jacques » est un fruit qui peut peser jusqu’à 25kg quand il est mûr, mais qu’on cuisine bien avant pour ce plat.Très belle journée ma foi !
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et dire que l’on vous croyez encore au Brésil à RIO aux JO, et vous voilà à l’autre bout de la terre.
Belles photos, il y a 3ans n’avons pu aller à Maïdo pour cause d’incendie.
Si tu veux j’ai quelques photos récentes du Titisee sous la pluie…
Un célèbre poète a écrit « Créole un jour, créole toujours.. » tu connais ?