60 ans ??? ça fait un brin bizzare, mais…
Pour fêter ça, je place dans ce blog un texte de Vassiliu. C’est un texte que j’aime et que j’ai beaucoup aimé dire en soirées « poésies et chansons » lorsque je sévissais dans le petit univers des hôtels-clubs
Quand j’aurai 40 ans…
Quand j’aurai 40 ans, si on me laisse le temps,
Je veux que ma maison soit pleine comme toujours
De bruit, de déraison, de calme, et puis d’amour;
Qu’il y ait des poivrots, musiciens et poètes,
Des vrais, qu’ont du talent, et qu’ont pas la grosse tête.
Ceux avec qui j’ai fait, du temps des pique-assiettes
Des baise-mains perfides sur les mains indiscrètes
Des vieilles jeunes du 16 ème qui nous faisaient venir
Pour deux mille anciens francs faire les clowns dans leur luxe
Mais avec la promesse un jour d’intervenir
Auprès d’un vieux ministre qui connaitraît Guy Lux.
Je veux qu’il y ait toujours, dans ma maison d’amour
Des hommes cultivés qui parlent d’ésotérisme
Devant des filles bébettes, mais belles comme le jour,
Qui entendent sciences occultes et comprennent érotisme.
Quand j’aurais 50 ans, eh oui, si on me laisse le temps,
Si je suis comme toujours dans ma maison d’amour,
J’aimerais que mes enfants, s’ils n’ont pas foutu le camp,
Connaissent les chacals, les requins, les loups de mer,
Avec qui j’suis tombé dans toutes les galères,
Toutes les embuscades de ST Germain des Prés
Quand on sortait des boites complètement beurrés;
Eh bien, à 50 ans, je le ferai encore.
Je sais bien qu’un matin on nous foutra dehors
Parce que d’un Bilboquet on fera la fermeture
Et qu’on ira pisser sur les roues des voitures…
Je veux qu’il y ait toujours, dans ma maison d’amour,
Des hommes qui aiment les chiens, et surtout les enfants,
Des hommes qui croient en tout, et même au Père Noèl
Et qui disent à leur femme qui vieillit: “Tu es belle !”
Quand j’aurais tant et tant, si on me laisse le temps,
Quand mes copains viendront sur leurs fauteuils roulant
Le comparer au mien avec un p’tit sourire,
Je veux que tous ensemble, nous parlions d’avenir.
Pas de rides, pas de lunettes, pas de fauteuils, pas de cannes,
Même que nous danserons sur le dernier Dylan !
Je ne veux pas entendre, et je serais sévère,
Je ne veux pas entendre un seul mot sur la guerre !
D’autres en parlent pour nous …
Je veux qu’on boive un coup et qu’on fasse des fredaines
Et que nos enfants se moquent de nos bedaines ;
Puis je veux que nos femmes nous fassent encore le coup
De l’amour amitié, du baiser dans le cou …
Avant que les huissiers ne survolent comme des vautours
Notre maison, fermons nos portes à double tour
J’aimerais cette nuit, pour attendre le jour,
Qu’on ferme encore les yeux, et qu’on fasse l’amour.
Pierre Vassiliu